Depuis un certain temps déjà, la péninsule ibérique et ses îles sont connues pour héberger une série de courses de décembre à mars. Certains coureurs partent d’ailleurs un bon mois là-bas et enchaînent les compétitions : NAOM, POM, Trofeo Costa Calida, ABOM, entraînements, … 

Les organisateurs ont réussi à attirer des coureurs venus du nord durant ces périodes et pas rien que du bas peuple : j’y ai eu par le passé un autographe de Thierry Gueorgiou et un selfie avec Olaf Lundanes. Ces deux-là, ce sont 24 titres mondiaux ! 

Le Maximus O Meeting mis sur pied par l’entraîneur espagnol Raul Ferra en est à sa 6ème édition. Raul Ferra est aussi l’entraîneur principal du prestigieux club norvégien Halden SK et, à ce titre, fait venir de nombreuses vedettes nordiques ou affiliées à un club nordique. 

Comme cette année, j’ai dû faire l’impasse sur le POM pour cause d’Interland, j’ai répondu, avec 4 amis, à l’invitation de Nicolas Sillien (Pégase). 

Nous nous sommes donc empressés de réserver des billets d’avion Charleroi-Madrid chez Ryanair au prix scandaleux de 76 €, mais voilà que le 13 février, jour du départ, c’est la grève ! Nous décidons donc de nous lever à 2h15 du matin pour faire les 1620 kilomètres de trajet en voiture (empreinte carbone divisée par 8) et, à 19h30, nous sommes à l’hôtel préféré de Nicolas, à Navaluenga.  

J’avais déjà participé au MOM en 2022 et, alors que les courses se déroulent dans la même partie de Castille, à l’ouest de Madrid et juste au sud d’Àvila, nous avons chaque fois couru sur des cartes différentes y compris pour le model event. 

Le model event fait bien son office, nous donner un exemple du terrain que nous allons rencontrer en compétition. Je trouve assez facilement les 10 postes, mais à l’allure du sénateur. Le vert clair est beaucoup plus foncé sur le terrain, il y a du blanc qui serait plutôt du jaune, les dalles rocheuses, en gris, aident bien pour la progression comme pour l’orientation. Iwan Vis (Sud O Lux) donne un conseil : ne vous fiez pas aux rochers, basez-vous sur le relief ! Eh oui, la lecture du relief, une des clés de l’orientation… 

À environ 1000 mètres d’altitude, avec le soleil, la température est agréable, tout va bien. 

La première course est une longue distance, disputée dans la montagne. Nous avons droit à deux kilomètres d’agréable randonnée pour avoir accès au centre de course, situé sur un col aplani. La carte porte un nom extraordinaire : Cerro de las Animas, la montagne des âmes. Nous ne serons donc pas seuls. Serons-nous guidés ou perdus par nos ancêtres ? Notre propre âme va-t-elle s’élever et nous montrer la route ? 

En tous cas, la partie est a priori plus facile pour les masters que pour les élites. En effet, sur une grille de difficulté de 1 à 8, les élites sont au niveau 8, les masters 50 au 7, les plus de 60 ans au 6 et les parcours ‘’open’’, soit du jour, vont de 1 à 4. Grégoire Vandeghinste (HOC, HE) est donc bien courageux puisqu’il va s’élancer sur un parcours de 12660 mètres avec 680 mètres de dénivelée positive. Marine Sillien (Sillery, Pégase, WE) et Lucie Arno (HOC, WE) ne feront pas beaucoup moins avec 10000 mètres. 

Après un départ très prudent, je constate, qu’en effet, la technicité est réelle, mais pas horrible. Il y a de très intéressants choix de cheminement dans une superbe montagne. Si mon premier choix est correct, je passe trop haut pour le second et me retrouve dans un dédale de rocher (coût, 3 minutes). Le poste 10 me paraît le plus technique, je suis très attentif et le trouve facilement, comme les autres coureurs d’ailleurs. Pour atteindre le 12, il faut repasser près de l’aréna, on entend le micro, la fin de la course approche… Ce poste est bien facile, point d’attaque sur coude de chemin, puis 100 mètres. Eh bien non, 8 coureurs le ratent dont mes compères Patrick Mossoux (Pégase) et Philippe Pogu de Nancy, mais aussi un certain Lars Roger Lundanes. Je suis très content de ma 8ème place sur 39. 

Iwan Vis (M50) est très content aussi d’être 13ème sur 67 et d’avoir devancé les frères Sillien. Il ne devra pas porter le T-shirt aux petits lapins…Grégoire est bon 28ème sur 72 en élites (il y a encore une catégorie super élites). Chez les dames, les 75 élites restent dans la même classe : Marine est 48ème et Lucie a préféré renoncer au moment où elle s’est retrouvée coincée sur un sommet entouré de gros blocs rocheux. 

La deuxième course est beaucoup plus facile : une partie très rapide dans une forêt clairsemée, un passage un peu plus technique dans des zones rocheuses et quelques balises dans le village hôte, Santa Cruz de Pinares. Certains font des fautes tout de même, un carrefour est souvent confondu avec un autre au début de la course et le fait de passer en mode ville à la fin occasionne aussi des erreurs. Je suis 12ème et 11ème au général, mais surtout, en attendant le départ, j’ai bronzé… 

Le soir, gastronomie, Felipe Martos Sanchez (ex Hoc) se délecte avec de la panse de brebis tandis que Philippe se régale d’oreilles de cochon. 

La troisième course ne devrait être qu’une formalité avant une après-midi récréative. Un sprint dans Cebreros. Ce n’est certainement pas là que je vais voir évoluer mon classement. Or, contrairement à ce que je croyais plus jeune, à 65 ans on n’est pas plus sage. Jugez plutôt : les deux premiers du classement général font poste manquant et les deux plus rapides en sprint, le Portugais Fernandez et notre vaillant Patrick (Mossoux) font chacun une grosse faute. Inespéré pour moi, parti poussif 20ème au 2ème poste, je suis catapulté 5ème à l’arrivée et 8ème au général et ce, sans les encouragements de Valérie Vis (Sud O Lux), postée sur une autre trajectoire que la mienne. 

L’après-midi nous voit à Àvila, histoire de sanctifier nos âmes auprès de sainte Thérèse, au moins pour ceux qui se sont perdus dans la montagne des Âmes du premier jour… Flanqué de mes bons amis orienteurs Felipe et Philippe, nous nous retrouvons à contresens sur les remparts et croisons une cohorte d’orienteurs dont le très sympathique Rune De Clercq, qui étudie pour l’instant la physique à Madrid. 

La dernière course, une courte moyenne distance bien technique se dispute avec un départ en chasse. Tout ce que je n’aime pas, je suis certain de perdre au moins deux places avec le Lituanien Karnavicius, 12 secondes derrière moi et le Polonais Dragowski, à peine plus loin. Juste devant moi il y a le Suisse Poltera, bon technicien. Je n’ai aucune chance, je lui dis et lui, qui avait fait celui qui ne me connaissait pas depuis le début du meeting, me répond non, tu es plus rapide que moi. Il sait très bien qui est qui… 

Bref, il faut tenir ses nerfs, même à 65 ans. Pour y parvenir, je plaisante avec Karnavicius juste avant le départ. 

Philippe, lui, peut briguer le podium puisqu’il est 4ème partant et 3 bonnes minutes devant moi. 

Je cherche trop tôt le 2ème poste, perdant 2 ‘ puis je choisis un cheminement dans les branchages au lieu d’une belle dalle rocheuse. Pas terrible, mais je suis toujours au contact du Lituanien et quelle n’est pas ma surprise de tomber sur Philippe au poste 7. Je me dis : ’’ il faut que je le suive ‘’ et lui se dit : ‘’il faut que je le lâche’’. Deux postes plus loin, je laisse tomber, je vais me blesser soit dans les rochers, soit au sprint…, d’ailleurs, un blessé il y en a déjà eu un, un adversaire de Freddy Sillien (Pégase), un Finlandais qui s’est fracturé le bassin deux jours plus tôt.  

Je me retrouve donc seul et achève tranquillement ma course en conservant ma 8ème place au général juste derrière Philippe. Le Polonais m’a passé, mais je suis devant le Suisse et le Lituanien, qui vient me féliciter et m’inviter chaleureusement à venir courir dans son pays. De son côté, Patrick fait sa meilleure course, avec une 5ème place. 

Nous restons pour le podium, car deux des nôtres y ont droit : Monique Deffense (Pégase), 2ème en W75 et Freddy, 2ème en M75 après avoir remporté la dernière manche. 

Mille diables, vous auriez vu comment Monique a descendu les escaliers du podium en sautillant, incroyable ! 

Le retour s’est bien passé, mais il y a tout de même un inconvénient à être à 5 dans une voiture pendant des heures. À l’aller, il y en avait une (néo Pégasienne) qui avait la grippe, au retour nous étions cinq… 

 

André Pierlot