Laurence Defraigne
Bonjour Laurence, à 23 ans, tu en es à ta 17ème saison d’orientation, comment ça a commencé ?
Mon papa (Benoît, ndlr) avait une collègue, Béatrice de Longueville, qui organisait un entraînement dans des bois bruxellois. Nous y sommes allés, avons fait quelques autres entraînements puis nous nous sommes affiliés à l’Asub.
Comment se fait-il que tu sois toujours là, que tu n’as pas arrêté ?
J’ai arrêté l’équipe nationale (11 fois championne de Belgique dont une fois en élite, ndlr), mais je voulais continuer à courir et c’est beaucoup plus agréable en forêt avec une carte à la main, j’ai donc poursuivi pour le fun sans l’aspect compétition.
Je suis aussi partie 5 mois récemment pour un Erasmus en Suède. J’y ai orienté avec beaucoup de plaisir et j’ai rejoint le club d’Uppsala, la ville où j’étais. Ma situation professionnelle actuelle me donne plus de temps pour reprendre l’entraînement de façon consistante.
C’est quoi ta situation professionnelle ?
Après des études d’ingénieur civil, qui ne me laissaient pas beaucoup de temps pour autre chose, je fais un doctorat en télécommunication. J’étudie le traitement de signal pour la suite de la 5G.
Un lien avec l’orientation ?
Non, enfin si, on pourrait localiser quelqu’un sur base d’un signal reçu.
Ton meilleur souvenir ?
Juste après le Covid, nous avons eu l’occasion de faire un stage d’une semaine en Suède avec les jeunes de l’Asub. Un chalet en bois, au bord d’un lac au milieu des bois, c’était vraiment chouette !
Que retires-tu de la course d’orientation ?
Un moyen de courir sans s’ennuyer, en dehors des chemins. Voir de superbes paysages. Se défier mentalement : plus c’est technique, plus c’est chouette, j’adore quand ça fait travailler le cerveau.

C’est quoi ton entraînement ?
J’alterne des séances d’intervalles autour du lac de Louvain-la-Neuve avec des footings plus lents. Mon club français, le TAD (Tous azimuts Douai, ndlr), prépare des plans d’entraînement avant les grands événements français et je m’en inspire.
Il paraît que tu t’occupes, bien, de l’équipe universitaire à Louvain-la-Neuve ?
Avec Luis (Tascon Gutierrez, Lost), nous organisons un entraînement toutes les deux semaines. Il y a une quinzaine de participants dans l’équipe, plus les membres du Lost. Nous avons mis en place une dynamique de briefing/debriefing avec un point spécifique à travailler lors de chaque entraînement. Nous essayons de faire progresser les coureurs au travers de l’analyse de leurs erreurs. Nous travaillons avec eux sur les solutions à mettre en place pour éviter que se renouvellent ces fautes et sur les bonnes pratiques pour préparer ses choix de cheminement.
Je dois beaucoup à Claire Sandevoir (Asub) dans la conduite de ces debriefings.
Comment as-tu fait pour devancer Marine (Sillien, Pégase) aux championnats de Belgique moyenne distance de Chantemelle et prendre la 2ème place ?
Il est clair que Marine est plus rapide que moi physiquement. Le terrain était technique et on a quasi toutes fait des fautes. Les miennes étaient moins conséquentes. J’avais bien travaillé mes points d’attaque et mes azimuts.
Tes objectifs ?
Les championnats de Belgique longue distance, le 19 octobre, et les grands rendez-vous français tels que les relais CNE et CFC. Je suis mieux physiquement qu’il y a 2,3 ans, maintenant que je prends plus le temps pour m’entraîner.
Tes plus beaux terrains ?
La Suède. Ce sont des terrains très techniques où il faut repérer un petit bout de rocher, la limite d’un marécage, une légère aspérité de terrain. Il faut rester concentré à 100% dans du petit relief. Ce n’est pas comme en Ardenne où on peut parfois viser une sapinière qu’on aperçoit au loin, ou suivre des plus gros éléments sur lesquels s’appuyer. (Mais il y a évidemment aussi des magnifiques cartes en Ardenne)
Comment recruter ?
Je crois qu’on peut prospecter du côté du trail. Ce sont des gens en bonne forme et qui aiment la forêt et le contact avec la nature. Sinon ça fonctionne plutôt bien via l’équipe universitaire et les courses du LOST qui accueillent pas mal d’étudiants, puis l’EOC ne va-t-il pas déclencher une vague de nouveaux adeptes ?
Raconte-nous ton titre de championne du monde scolaire à Palerme en 2017 …
Sur la longue distance, j’avais fait une faute sur le premier poste. J’ai donc couru le reste de la course sans stress. À l’arrivée, j’ai entendu des choses bizarres, je ne parlais pas bien anglais à ce moment, j’aurais gagné ? En fait oui, je trouvais ça incroyable, mais j’étais vraiment surprise car je ne pensais pas cela possible. Mais j’avais dès lors la pression pour la moyenne distance et je suis très fière de l’avoir gagnée aussi sans me laisser envahir par le stress.
Un conseil ?
Toujours s’amuser, prendre du plaisir dans les bois. Si ça ne va plus, prendre du recul pour repartir d’un bon pied et que ça reste un plaisir avant tout. Ce serait trop bête d’arrêter, c’est un si beau sport !