UN PETIT TOUR EN SUISSE
Cette année, je m’étais donné trois rendez-vous en Suisse : les Swiss O Days, dans le ‘’Heidiland’’, canton de Saint-Gall, en juillet, le week-end romand, près de Neufchâtel en août et les nationales des Grisons, début octobre, au-dessus de Thusis.
Fatigué, je ne suis pas allé en Jura, mais j’ai participé aux autres courses, organisées dans les alpages autour des 2000 mètres d’altitude. Je dois dire que j’aime beaucoup.
Un seul inconvénient, le prix. Dans les Grisons, la course revenait à 39 €, ce qui comprenait un trajet en bus aller-retour d’une heure. Mais je trouve des astuces : au lieu d’aller au restaurant, j’achète des provisions dans un Coop que je déguste dans ma chambre de guest-house. Je parviens aussi à éviter les parkings payants au prix d’un peu de marche.
Pour l’Heidiland, j’ai fait plus fort. La première course nécessitait une montée en téléphérique coûtant 34,37 € ! Voyant ça, j’ai décidé, pour la deuxième course, de gravir à pied les 1000 mètres de dénivelée jusqu’au centre de course tout en bivouaquant à mi-pente, économisant par là même une nuit d’hôtel…Me dépassant, un autochtone était complètement éberlué quand je lui expliqué ce que je faisais. Il m’a même proposé de l’aide !
C’est cher, ok, mais on est respecté, je paie le même prix qu’un Suisse et sur le classement, mon club, le C.O.Liège, est mentionné. Je ne suis pas traité comme un non licencié ‘’pass O’’ comme en France, même en gagnant la course, comme ça m’est arrivé en mars.

Évidemment, le truc, c’est que pour courir à 2000 mètres, il faut être acclimaté. Donc, pour les Grisons, je suis parti deux jours à l’avance avec l’idée de gravir le Pizol (2844 m) et de camper à 2300 mètres d’altitude près d’un lac. Après plus de 1600 mètres de montée, je suis arrivé à un col dans la neige et ai constaté que le meilleur moyen de me casser la gueule c’était de tenter le Pizol dans ces conditions. J’ai donc décidé d’aller à mon lac et d’y passer une agréable nuit par -3°C.
Il y avait environ 1600 coureurs pour la nationale, dont 52 dans ma catégorie (H65), mais on ne le voit pas, les départs étant espacés de 4 minutes et étalés sur une bonne partie de la journée. Ceci dit, dès le premier poste, je tombe sur le gars parti 4 minutes devant moi, un sociétaire d’Argus. Encore plus qu’ailleurs, le premier poste doit être pris avec prudence dans les alpages notamment pour l’estimation des distances. Mais, par beau temps, on bénéficie tout de même de beaucoup de points de repère : mares, épicéas isolés, buttes, vallons, cours d’eau et même des chemins. Et quand on comprend ça, c’est un vrai plaisir. Mon Suisse me sert de poisson pilote pour les postes 2 et 3 puis disparaît. Ce n’est pas le tout de tout comprendre, il faut comprendre vite puis courir le plus vite possible. Je retombe sur mon adversaire au 5, on fait tous les deux une faute au 6, mais pas la même, puis on joue au chat et à la souris jusqu’à l’arrivée. Toute la fin s’est courue dans une forêt parfaitement courable. Me voici honorable 21ème sur 52. Comme dans les pays nordiques, le niveau est donc supérieur aux championnats du monde vétéran sauf, bien entendu, s’ils sont justement organisés dans ces pays.

La météo s’est considérablement refroidie pour la longue distance du dimanche. De l’arrêt du bus jusqu’au départ, on a droit à 1h pour faire les 2,1 km et 180 mètres de montée. Il faut gérer, car il neige…J’ai eu la bonne idée de prendre des gants, une casquette, un tour de cou, un T-shirt longue manche en mérinos et le T-shirt longue manche du club liégeois. Au coin abrité d’une ferme, je tombe sur Sebastiaan Loosen d’Omega, qui est chercheur en architecture à l’université de Zürich. Il y a donc au moins trois Belges au départ.
Ouf, voilà le départ, toujours sous la neige. Mon acclimatation n’est pas parfaite, je monte un chemin, à l’allure de l’escargot. C’est un détour, mais je me rapproche ainsi du premier poste de manière sûre. Je ne fais aucune faute, mais certains cheminements auraient pu être plus décidés et plus directs. Le temps se dégage et, à part les deux derniers postes, tout se fait dans de magnifiques alpages. Me voilà à nouveau 21ème. ‘’Il n’y a pas d’avance’’, comme aurait dit ma mère. Un qui en a de l’avance, malgré, dit-il, des jambes douloureuses, c’est Pierre Willems (Lost), excellent 7ème !
André Pierlot